Les paradoxes des ambitions de la RDC dans le secteur des hydrocarbures
Aujourd’hui, Ebuteli publie son nouveau rapport intitulé, Les paradoxes des ambitions de la RDC dans le secteur des hydrocarbures. Notre étude met en lumière, d’une part, les facteurs expliquant la stagnation du secteur : gouvernance défaillante, législation obsolète, manque d’infrastructures et faible attractivité, et d’autre part les contradictions entre le développement de ce secteur et les ambitions de la RDC comme « pays solution » au réchauffement climatique.
Depuis des décennies, le secteur pétrolier congolais reste marqué par une gestion court-termiste et spéculative, dominée par des intérêts privés et un manque de transparence institutionnelle. La rareté des données géologiques fiables réduit la concurrence et laisse le champ libre à des entreprises opportunistes, souvent dépourvues des moyens financiers et techniques nécessaires.
À cela s’ajoute, un passif environnemental, notamment à Moanda, dans le Kongo-Central, où les activités de Perenco suscitent encore de vives critiques. Les lenteurs administratives, le manque de clarté des procédures et l’instabilité juridique ont conduit à la multiplication des contentieux devant les juridictions. Ce climat d’incertitude décourage les investisseurs crédibles et favorise des acteurs peu scrupuleux, souvent liés à l’élite politique, aux réseaux d’influence et de corruption.
L’ambition de concilier l’expansion du secteur pétrolier et la valorisation des actifs climatiques, telle que exprimée dans le Plan national stratégique de développement (PNSD), ne pourra se concrétiser sans une vision de long terme et une gouvernance consolidée.
« Comme les autres pays du monde, la RDC peut légitimement revendiquer l’exploitation des hydrocarbures, mais le pays a peut-être beaucoup à gagner aussi, en misant sur son potentiel environnemental. Tenir compte du coût d’opportunité pour bien éclairer le choix à faire au niveau du gouvernement congolais », explique le prof Jolino Malukisa, l’un des auteurs du rapport.
Notre rapport recommande de limiter l’exploration des hydrocarbures dans les zones d'intérêt commun pour tirer profit de ces ressources comme le font les pays voisins, de financer la recherche devant permettre au pays de disposer d’une banque des données, et d’assainir le secteur en excluant les entreprises non conformes. Nous plaidons pour plus de transparence, la publication des contrats et des audits, ainsi qu’un renforcement de la régulation, et des capacités techniques et financières de la Société nationale des hydrocarbures de la RDC (Sonahydroc), appelée à devenir une entreprise publique performante et responsable. Enfin, notre étude souligne la nécessité d’impliquer davantage la société civile et d’accorder beaucoup d’attention capital environnemental du pays qui peut lui permettre, en améliorant la gouvernance, de disposer de recettes publiques durables.
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