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Dans les Uélé, de nouveaux enlèvements d’enfants malgré le désarmement de la LRA

Dans les Uélé, de nouveaux enlèvements d’enfants malgré le désarmement de la LRA

Mar 22, 2024

Le 14 mars dernier, 30 personnes environ ont été enlevées à Ango dans le Bas-Uélé au Nord de la RDC, 35 maisons incendiées et des biens des civils pillés. Ce mode opératoire  ressemble beaucoup à celui que  l’Armée de résistance du seigneur (LRA, Lord’s Resistance Army) a employé dans cette région pendant près de 15 ans. Pourtant, cette rébellion ougandaise a fait l’objet d’un programme de désarmement, qui s’est achevé en septembre 2023 en République centrafricaine (RCA).

Quels sont les groupes armés qui continuent à alimenter les violences dans la région ? Quelles sont leurs motivations ?

Bonjour et bienvenue dans ce 11e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, capsule audio qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Agenonga Chober, chercheur principal pour les Uélé au sein du pilier violence d’Ebuteli. Nous sommes le vendredi 22 mars 2024.

En septembre 2023, la dernière vague de reddition des rebelles de la LRA a eu lieu à Mboki en RCA, permettant le désarmement et le rapatriement de 61 ex-combattants en Ouganda.

Cet événement a suscité l’espoir de voir un retour à la paix dans la région, affectée depuis des années par la LRA. Mais cet espoir aura été éphémère : depuis février 2024, une série d’attaques des groupes armés est survenue dans le Bas-Uélé : dans la nuit du 24 au 25 février, une attaque de rebelles centrafricains a visé à la fois les membres de la communauté d’éleveurs peuls Mbororo et les membres de la communauté locale.

Il s’en est suivi une série d’attaques respectivement le 11 et le 14 mars dans la même province avec comme bilan l’enlèvement de 30 personnes, parmi lesquelles 20 adolescents dont 14 garçons et six filles.

Pourquoi ces attaques resurgissent alors que la LRA–réputée pour enlèvements et enrôlements des enfants comme combattants– est supposée avoir été désarmée  ?

Avant même le désarmement de la LRA, sa chaîne de commandement était fragilisée et ses attaques se faisaient pour des raisons de survie, bien loin de l’objectif initial qui était le renversement du régime de Kampala.

C’est dans cette même logique de survie que la LRA avait rallié l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe qui lui était pourtant rival, dont les combattants sont majoritairement des Peuls et qui occupe une partie des préfectures centrafricaines frontalières et mène des incursions en RDC. Elle prétend avoir la vocation de protéger des éleveurs nomades peuls, les Mbororo, contre la menace d’autres groupes armés centrafricains.

Il faut souligner que l’UPC n’est pas la seule milice active le long de la frontière congolaise, où opère également un groupe d’auto-défense rival d’origine Azande,l’AAKG (Azande Ani Ki Gbe, soit : « Les Azande sont beaucoup tués »).

Un de ces deux groupes est-il responsable des enlèvements survenus dans le Bas-Uélé la semaine dernière ?

Selon les témoignages de survivants, les assaillants s’exprimaient en Pazande et en Lingala, ce qui semble pointer l’AAK. Ce groupe a d’ailleurs plusieurs fois été accusé d’enlever des enfants pour les enrôler par la suite - un mode opératoire partagé avec la LRA.

D’autres pistes sont aussi à exploiter. Car depuis novembre 2023, des personnes revendiquant la création de l’URJA (Union pour la révolution de la jeunesse dans le territoire d’Ango) menaçaient, à travers une correspondance et des audios, de se constituer en groupe d’auto-défense pour chasser les Mbororo si les autorités continuent à tolérer leur présence en RDC.

Ces dynamiques alimentent l’insécurité et menacent de plonger cette région dans les violences communautaires à cause de la faiblesse de l’autorité de l’État, la quasi-inexistence des services de sécurité créant un vide en faveur des groupes armés ainsi que le déficit de coopération en matière sécuritaire entre les pays de la région face à cette dynamique régionale.

En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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« Po Na GEC »