À New-York, un Félix Tshisekedi plus ouvert à la communauté internationale
Pour la quatrième fois, le président Félix Tshisekedi s’est exprimé devant l’Assemblée générale des Nations unies. Que retenir de ce premier discours devant les leaders mondiaux depuis le début de son second mandat ?
Bonjour ! Je m’appelle Ange Makadi Ngoy. Je suis chercheuse à Ebuteli et vous écoutez le 38e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli qui analyse, chaque semaine, un sujet d'actualité du Congo. Nous sommes le vendredi 27 septembre.
Chefs d’État et autres représentants des 193 pays membres des Nations unies (dont seulement une dizaine de femmes), six jours, une seule tribune. Voilà comment se présente, en chiffres, la 79e session du débat général de l’Assemblée générale de l’ONU à New-York, où les leaders internationaux se sont rassemblés, une fois de plus, pour échanger sur les problèmes mondiaux. Pour sa part, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a, le mercredi de cette semaine, prononcé un discours plutôt semblable à ceux des années précédentes, avec quelques exceptions importantes.
Comme l’année passée, le chef d’État congolais n’a pas manqué de condamner le Rwanda et son soutien au M23 dans l’est du pays, en appelant à des « sanctions ciblées ». Mais le ton était plus nuancé que précédemment. Tout en appelant au « retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises » de la RDC—propos qui pourraient être interprétés comme étant contre l’esprit du processus de Luanda—le président Tshisekedi a, ensuite, assuré que la RDC est « résolument engagée dans la mise en oeuvre de la feuille de route adoptée dans le cadre du processus de Luanda », qu’il a dit soutenir « fermement ». Ce double accent sur la condamnation et les exigences inconditionnelles d’un côté, et la conciliation de l’autre, serait-il dû au fait que la RDC estime désormais qu’une solution militaire à la crise du M23 n’est pas réaliste ?
À la différence de l’année passée, aucune mention du retrait de la Monusco n’a été faite par le président congolais. Rappelons qu’en 2023, en période électorale, il avait consacré une section entière de son discours à la demande de la RDC d’un retrait accéléré de la Monusco de son territoire. Cette année, après le retrait de la mission onusienne du Sud-Kivu en juin 2024, ni le retrait accéléré ni même le début du retrait des casques bleus du Nord-Kivu et de l’Ituri n’a été évoqué.
Enfin, comme lors des années précédentes, le président Tshisekedi a appelé à des réformes du Conseil de sécurité, notamment la création de deux sièges permanents pour l’Afrique avec le droit de veto, comme pour les cinq membres permanents actuels—la position de l’Union africaine. Ceci est un écho à la fois de la position de l’Union africaine et suit également les propos récents de la représentante permanente des États-Unis auprès de l’ONU, qui se sont exprimés en faveur d’accorder deux sièges permanents à l’Afrique, mais sans aller jusqu’à leur accorder le droit de veto. Les propos du Président Tshisekedi ont été accompagnés d’une demande concrète : le soutien à la candidature de la RDC pour un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2026-2027. Cette élection semble être une formalité : le Burundi s’est retiré de la course au sein du groupe de l’Afrique centrale pour ce siège. Tshisekedi semble ainsi vouloir laisser un héritage d’un homme d’État international qui aura fait réélire son pays au Conseil de sécurité pour la première fois depuis 34 ans : le dernier mandat, à l’époque du Zaïre, était entre 1990 et 1991. Cependant, le défi de ce prochain mandat ne sera pas son obtention mais son exercice.
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