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Le gouvernement congolais pourra-t-il éviter toute discussion avec le Rwanda ?

Le gouvernement congolais pourra-t-il éviter toute discussion avec le Rwanda ?

Feb 9, 2024

« À la moindre escarmouche, (...) je vais réunir les deux chambres en congrès comme me le recommande la Constitution. Je vais demander l'autorisation de déclarer la guerre au Rwanda. Et je pèse mes mots », déclarait le président Félix Tshisekedi le 18 décembre 2023 à la veille du scrutin controversé à l'issue duquel il a été proclamé vainqueur. 

Depuis, sur le terrain, la situation s’est encore détériorée, avec des tirs d'artillerie qui ont touché la ville de  Goma. Le chiffre record d’un million de personnes déplacées internes fuyant les combats au Nord-Kivu a été atteint.

Face à cette recrudescence, le chef de l’État pourrait-il mettre ses menaces à exécution ? Ou, au contraire, accepter des discussions ?

Bonjour ! Je m’appelle Henry-Pacifique Mayala. Je suis coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu. Vous écoutez le 5e épisode de la saison 4 de Po Na GEC, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo qui, chaque semaine, analyse l’actualité congolaise. Nous sommes le vendredi 9 février 2024.

Depuis la résurgence du M23 en novembre 2021, dans l'entourage du président  Tshisekedi , le discours a été très offensif contre le Rwanda. Seules les options militaires avaient la priorité pour venir à bout de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda. Ce discours belliciste s’est encore intensifié pendant la campagne électorale, avec la menace du président de déclarer la guerre au Rwanda. Malheureusement, les dynamiques sur le terrain n’ont pas accordé au gouvernement congolais cette victoire militaire tant souhaitée. Les FARDC et alliés ont même récemment été contraints de reculer, quittant des localités telles que Mweso et Shasha dans le territoire de Masisi, laissant le M23 parfaire son encerclement de Goma.

En remplacement des forces de la communauté de l'Afrique de l’est, c’est à la communauté des pays de l’Afrique australe que s'était tourné le président Tshisekedi  afin d’inverser le rapport de forces militaire actuellement défavorable aux FARDC. Les forces de la SADC semblent plus déterminées que leurs prédécesseurs de la force de l’EAC. La question de leur capacité, et de la disponibilité des financements nécessaires pour leur permettre de s’acquitter de leurs mandats reste non résolue pour l’instant, mais leur déploiement a commencé. De même, le gouvernement burundais, dont l’armée est également présente en RDC aux côtés des FARDC, est désormais clairement du côté de Kinshasa.

Toutefois, pour remporter une victoire militaire, des pressions beaucoup plus intenses de la communauté internationale sur le Rwanda semblent nécessaires. Des sanctions ciblées ont été prises, notamment par les Etats-Unis. Néanmoins, elles ont été insuffisantes pour faire plier Kigali, qui garde des moyens de pression sur les Occidentaux, dont leurs présence dans les missions de l’ONU (le Rwanda est devenu le 4e pays contributeur en troupes aux missions de maintien de la paix) et hors de l’ONU, comme au Mozambique ou en Centrafrique.

Faute de vouloir tordre le bras du président Paul Kagame, les Occidentaux semblent vouloir aboutir à une solution négociée.

Le 30 janvier, lors de la cérémonie de présentation des vœux de nouvel an, face au corps diplomatique accrédité en République démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi a fait un pas dans cette direction, en n’excluant pas la possibilité de discuter avec le Rwanda si cela permettait de garantir la sauvegarde de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la stabilité de la RDC. Il n’est toutefois pas sûr que le président Paul Kagamé veuille s’impliquer dans ce cadre. Et des négociations avec le M23 semblent demeurer exclues pour Kinshasa.

Reste à savoir comment la dernière offensive du M23 va influer sur la réflexion du président Tshisekedi.

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