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 Crise du M23 : la porte du dialogue avec le Rwanda entrouverte

Crise du M23 : la porte du dialogue avec le Rwanda entrouverte

Feb 23, 2024

Le jeudi 22 février, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, le président Félix Tshisekedi a confirmé qu’il participerait à une nouvelle médiation entre lui et son homologue rwandais, sous l’égide du président angolais Joao Lourenço, à Luanda, à partir du 27 février.

Cette affirmation fait suite au mini-sommet extraordinaire sur la sécurité dans l’est de la République démocratique du Congo, en marge du 37e sommet des chefs d’État de l’Union africaine tenu les 17 et 18 février à Addis-Abeba, en Ethiopie. Cette réunion, déjà convoquée par le président angolais, médiateur de l’UA dans cette crise, visait à relancer le dialogue entre la RDC et le Rwanda en vue de parvenir à la cessation des hostilités dans l’est de la RDC. Pourquoi a-t-il échoué ?

Bonjour et bienvenue dans ce 7e épisode de la saison 4 de Po Na Biso (anciennement Po na GEC), la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, qui tente chaque semaine d’éclairer un sujet d’actualité en RDC. Je suis Linda Fundiko, assistante à la gestion des données au Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

Le président Félix Tshisekedi et ses homologues Paul Kagame du Rwanda, Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud et William Ruto du Kenya ont participé au mini sommet d’Addis-Abeba. Cependant, dans un climat glacé, le médiateur a été contraint d’interrompre la réunion une heure à peine après son ouverture suite à l' escalade verbale entre le président congolais et son homologue rwandais. 

Depuis le début de la crise du M23, les gouvernements congolais et rwandais se rejettent la responsabilité. Le gouvernement congolais accuse le Rwanda non seulement de soutenir les rebelles du M23, mais également de mener des opérations militaires illégales avec son armée sur le sol congolais. Le gouvernement congolais a refusé à maintes reprises de dialoguer avec le M23, qualifié de mouvement « terroriste », et exige le retrait de ses combattants des zones occupées, afin de se conformer au processus de Luanda. Par contre, il a accepté le principe d’un dialogue avec le Rwanda à la condition que l’armée rwandaise quitte d’abord le territoire congolais.

Le Rwanda, quant à lui, dénonce la collaboration entre les FARDC et les FDLR, qualifiés de « génocidaires ». Il appelle à un dialogue entre le gouvernement congolais et le M23 et s’est opposé à tout soutien de la Monusco  à la SAMIRDC, la nouvelle force de la SADC, qui conforte selon lui la position du gouvernement congolais dans la voie militaire. Ceci a contraint le médiateur à lever la séance. Le président angolais a ensuite initié des démarches bilatérales en rencontrant séparément Kagame et Tshisekedi. Ce processus va se poursuivre dans la capitale angolaise où il recevra tour à tour le président congolais et le président rwandais.

Pourtant, sur le terrain des hostilités se poursuivent. Dans le Nord-Kivu,z  la situation sécuritaire s’est rapidement détériorée juste après l’investiture du président Tshisekedi pour son second mandat. Les combats font rage autour de Sake, considérée comme dernier « verrou » avant Goma, ville-clé de par son importance économique, stratégique et symbolique, dont la prise par le M23 changerait radicalement la donne. Les rebelles, soutenus par le Rwanda, continuent par ailleurs d’occuper de larges pans des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. Souvent contraints à fuir, les civils sont les premiers à souffrir de cette crise. L’aéroport international de Goma a été également la cible d’une frappe de drone. Le gouvernement congolais a accusé le Rwanda d’être derrière cette attaque. Cela a encore exacerbé les tensions entre les deux pays.

Renouer le dialogue entre le Rwanda et la RDC permettrait de faire diminuer la pression et de faire reculer le spectre tant redouté d’une nouvelle guerre directe entre États de la région. Cependant, cela ne serait qu’une étape dans la résolution du conflit lié au M23.

En attendant, vous pouvez recevoir Po Na Biso, chaque vendredi sur votre téléphone en envoyant « Ebuteli » ou « GEC » par WhatsApp au +243894110542. À très bientôt.

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