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Remaniement du gouvernement Suminwa en RDC : peu de changement, mais à quel prix ?

Remaniement du gouvernement Suminwa en RDC : peu de changement, mais à quel prix ?

Aug 15, 2025
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Le vendredi 8 août, le gouvernement Suminwa II a été dévoilé. Annoncé par le président Félix Tshisekedi en février, ce remaniement a été précédé par de consultations menées, en mars,  par son conseiller spécial en matière de sécurité, Cashmire Eberande Kolongele. Voulu comme un gouvernement d’Union nationale dans un contexte de conflit dans l’est du pays, il s’en éloigne pourtant largement dans sa composition. Que peut-on vraiment attendre du gouvernement Suminwa II ?

Bonjour, 

Je suis Ange Makadi Ngoy, chercheuse à Ebuteli. Vous écoutez le 32e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Chaque semaine, ce podcast vous présente notre opinion sur un sujet d’actualité en RDC. 

Nous sommes le vendredi 15 août 2025.

Les premiers indices montrent qu’aucun changement politique majeur n’est à prévoir. La Première ministre, Judith Suminwa, reste en poste. Le programme gouvernemental, voté en juin 2024, va donc se poursuivre. Sur les 54 membres du gouvernement, 22 gardent le même portefeuille, 17 ont simplement été permutés, et seulement 15 sont de nouveaux entrants. En clair, la direction politique ne change pas.

Dans certains secteurs stratégiques, de nouvelles figures font leur entrée, mais sans réelle capacité de changement à court terme. Dans le secteur minier, par exemple, le nouveau ministre, Louis Watum, passé par la chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et par Ivanhoe Mines, ne changera pas immédiatement la politique minière du pays. Il pourrait toutefois peser sur les discussions avec les parties prenantes du secteur grâce à son expérience et à ses réseaux. De même, au ministère des Hydrocarbures, les grands chantiers - révision du code pétrolier et éventuel lancement d’un nouvel appel d’offres - ne devraient pas être remis en cause par l’arrivée d’Acacia Bandubola, qui succède à Aimé Molendo Sakombi. 

Côté défense, l’arrivée du député national Eliezer Tambwe comme ministre délégué chargé des Anciens combattants ne devrait pas, en soi, modifier la donne du conflit dans l’est du pays. Son portefeuille relève surtout de la gestion des anciens combattants, des militaires retraités et de leurs dépendants, et le titulaire du ministère reste inchangé. Plus largement, le ministre de la défense supervise la préparation et l’administration des forces; tandis que la conduite des opérations militaires est pilotée directement par la présidence.

Au plan budgétaire, la marge de manœuvre est tout aussi limitée. Le gouvernement doit composer avec le budget de 2025, adopté en septembre dernier et déjà dans son dernier trimestre d’exécution. L’équipe actuelle ne fera donc qu’appliquer un budget en fin de cycle. Lors de la remise et reprise, le nouveau ministre du Budget, Adolphe Muzito, a reconnu que ses marges de manœuvre dépendront largement du temps et du soutien que lui accordera le président. Et, selon le calendrier budgétaire, l’élaboration du budget pour l’exercice 2026 a commencé en juillet, la conférence budgétaire se déroule depuis début août, et le projet de loi des finances 2026 sera présenté au Parlement pour examen et adoption lors de la session ordinaire de septembre. 

Une réorientation politique majeure n’aurait été envisageable qu’avec l’entrée de figures issues de l’opposition susceptibles de modifier l’équilibre politique, ou encore avec la nomination d’un nouveau Premier ministre. Or, aucune personnalité majeure de l’opposition n’a accepté de rejoindre l’équipe, conditionnant toute participation à la tenue préalable d’un dialogue national.

Ce remaniement, aussi limité soit-il, a pourtant un coût. En dehors des frais d’installation, les ministres sortants ainsi que leurs cabinets respectifs percevront l’équivalent de six mois de salaire, ce qui pourrait représenter plusieurs centaines de milliers de dollars. Dans un contexte de crise politique et sécuritaire marqué par des appels au dialogue et divers processus de négociation pour résoudre le conflit dans l’est du pays, ce remaniement n’apporte pas de cap nouveau. Il ressemble davantage à une recomposition des équilibres autour du président qu’à un véritable changement de direction. 

En attendant, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

 

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