Doha : accord sur le désaccord ?
Le 15 novembre, le gouvernement congolais et l’AFC/M23 ont signé à Doha un accord cadre, faute de s’entendre sur un accord global et inclusif. Des huit protocoles, mentionnés seuls deux ont été signés et ne sont toujours pas mis en œuvre, alors que six devront faire objet de négociations sur les deux prochaines semaines. En clair, Doha a permis de signer quelque chose, sans vraiment s’accorder sur le fond. Et c’est dans ce contexte que l’annonce d’un dialogue à Lomé, le 17 janvier 2026, tombe.
Plusieurs questions demeurent cependant : que signale cette annonce sur la suite de la crise ? Le Qatar va-t-il jeter l’éponge ? L'UA est-elle prête à récupérer la médiation ? Est-ce deux processus concomitants ? Est-ce que Doha va attendre les conclusions de Lomé en janvier pour se poursuivre ?
Bonjour, je suis Reagan Miviri, analyste des conflits à Ebuteli. Vous écoutez le 46e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, la capsule audio d’Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Nous sommes le vendredi 21 novembre 2025.
En effet, sur les huit protocoles repris dans l’accord cadre de Doha, deux sont censés être déjà en phase d’exécution : le premier est le cessez-le-feu dont le mécanisme conjoint de surveillance et de vérification a été convenu à Doha le 14 octobre, mais peine à se réaliser. Les affrontements se poursuivent sur terrain essentiellement entre M23 et Wazalendo. Les FARDC sont aussi de nouveau ouvertement parties aux affrontements.
Le deuxième protocole porte sur l'échange de prisonniers. C’est finalement cette semaine que les autorités congolaises ont donné l’autorisation au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de commencer à identifier les prisonniers.
De son côté, l’AFC-M23 semble désormais présenter la démarche diplomatique de Doha comme une opportunité de « négocier avec méthode, calendrier, engagements mutuels et transparence ». De retour de Doha, la délégation a fait une séance de restitution et appropriation de l'accord à Goma.
Alors même que la situation s’enlise sur le terrain, les États-Unis mettent la pression sur les parties pour que les processus diplomatiques aboutissent alors même que les désaccords persistent. Comme l’a précisé une source proche du dossier : « La raison pour laquelle on a conclu cet accord cadre, c'était pour montrer qu’on avance. »
L’annonce du dialogue inclusif à Lomé est aussi à analyser en parallèle des petits pas de la médiation qatarie. Ceux qui suivent l’attitude du Qatar disent qu’en général il est habitué à des médiations sur le long terme. L'engagement de Doha pourrait se poursuivre encore longtemps, mais la partie américaine semble plus pressée. Il est donc possible que le Qatar finisse par passer la main sur tout ou une partie des dossiers à l'UA.
Toutefois, l’UA risque de se heurter à ses propres défis. Dans le passé, elle était accusée d’avoir un biais pour le Rwanda et elle a peu montré sa pertinence dans les règlements de crises sur le continent.
Entretemps, il circule l’idée, dans certains échanges et salons, qu’un dialogue limité aux provinces du Kivu pourrait être envisagé, hypothèse qui suscite des inquiétudes quant à la perception et à la légitimité du processus. Il nous paraît donc, qu’un dialogue inclusif reste indispensable. Il peut avoir plus de légitimité pour tabler sur les six protocoles assurant leur application que deux parties, toutes affaiblies dans l’opinion.
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