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Violence
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Est-il interdit de critiquer les FARDC ?

Est-il interdit de critiquer les FARDC ?

3 mai 2024
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Le 28 avril, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont arrêté le député provincial, Alain Muhindo Siwako, élu du territoire de Beni sur la liste du parti politique Action des volontaires pour la relève patriotique (AVRP) de Muhindo Nzangi, ministre sortant de l’Enseignement supérieur et universitaire. Connu pour ses critiques acerbes contre la passivité des FARDC dans la lutte contre les ADF, il est accusé « d’incitation de la jeunesse à se révolter contre les services de défense et de sécurité, de meurtre, de port d’arme, d’atteinte à la sûreté de l’État et de la subversion  ». Trois jours avant lui, c'était l'ancien député Jean-Paul Ngahangondi qui avait été arrêté par les FARDC après une attaque à Mavivi. 

Bonjour !

Je suis Reagan Miviri, chercheur au pilier violence à Ebuteli. Vous écoutez le 17e épisode de Po Na Biso, capsule audio d'Ebuteli et du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) qui donne notre point de vue sur une question d’actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 3 mai 2024.

Depuis quelques mois, les ADF sont de plus en plus actifs dans la ville de Beni, en territoire de Beni et en province de l’Ituri. La chefferie des Banyali-Tchabi par exemple, qui abrite l’un des QG de l’armée ougandaise, et qui avait connu une période d’accalmie relative depuis la mi-2022, a perdu 17 civils aux mois de février et mars. Au total, au moins 200 civils ont été tués dans les attaques attribuées aux ADF depuis le début de l’année. Dans la ville de Beni, les rebelles ougandais ont tué des civils dans le quartier Sayo et de Mavivi pas très loin de l’aéroport, là aussi, après des années d’accalmie. La semaine passée, c'était à Mangina que trois civils ont perdu la vie. 

Suites à ces massacres, les critiques s'étaient levées parmi les acteurs de la société civile et les acteurs politiques pour dénoncer la passivité des FARDC voire leur complicité. C’est le cas de Alain Siwako qui aurait accusé certains éléments des FARDC déployés à Mangina de coopérer avec les ADF. 

Ce dernier avait déjà critiqué les FARDC le 15 décembre dernier. L'armée l’avait accusé d'être l’instigateur de la révolte qui avait été réprimée dans le sang le 8 janvier à Mangina. Au moins sept civils avaient été tués par des tirs attribués à des militaires qui ont été déférés devant la justice militaire. 

Il est aussi accusé d’avoir mobilisé des jeunes pour combattre les ADF. Réagissant à ces propos, le député Siwako avait réfuté ces allégations : « ces accusations sont d'un individu et non de l'armée. Il s'agit d'un montage fait par un certain Antony Mualushayi qui n'est pas à son premier forfait, il n'y a aucun indice qui montre que j'ai formé un groupe armé négatif. »  

Cette accusation est d’ailleurs assez ironique, dans la mesure où le même gouvernement congolais promeut la mobilisation des volontaires pour la défense de la patrie dans la crise du M23. Alain Siwako a d’ailleurs reçu le soutien du Ministre Muhindo Nzangi qui estime qu’il s’agit d’une arrestation inadmissible  opérée au mépris des immunités et de l’inviolabilité parlementaires.

L'autre critique qui a eu maille avec l’armée, c’est monsieur Ngahangondi. Député provincial pendant la législature passée, il est désormais revenu à la société civile. Il dirige actuellement la Convention pour le respect des droits de l’Homme (CRDH), organisation qui documente les massacres de civils et mène un plaidoyer pour une action gouvernementale sécuritaire efficace. Il a été stoppé sur la route Oicha-Beni par une attaque des ADF à Mavivi. Les FARDC, qui sont intervenus, l'ont présenté comme complice des rebelles alors que les UPDF présents dans la même opération affirment qu’il était plutôt un rescapé. Cette divergence pourrait laisser croire à une volonté d’instrumentaliser les faits pour réprimer la critique de la part des FARDC. La justice militaire avait émis des mandats d’arrêt contre ces deux personnalités suite à leurs voix critiques contre l’inaction des FARDC depuis quelques années.  

Ce harcèlement judiciaire des voix critiques est de nature à affaiblir encore plus la relation déjà tumultueuse entre l'armée et la population qui s’accusent mutuellement de collaborer avec les ADF. 

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