La délivrance des permis de conduire suffit-elle pour améliorer la sécurité routière en RDC ?
Le lundi 26 novembre, Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre des Transports, a lancé officiellement l’opération de délivrance du permis de conduire biométrique sécurisé. L’un des objectifs affiché : améliorer la sécurité routière. Mais, est-ce suffisant ?
Bonjour ! Je suis Ange Makadi Ngoy, chercheuse à Ebuteli. Je vous souhaite la bienvenue dans ce 47e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, la capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Nous sommes le vendredi 29 novembre 2024.
La délivrance du permis de conduire était suspendue en RDC depuis septembre 2017. Sept ans après, Jean-Pierre Bemba a annoncé le lancement de l’opération de délivrance du permis de conduire biométrique. Selon le vice-Premier ministre chargé des Transports, cette mesure permettra de réduire les accidents et de promouvoir le respect du code de la route. Pour obtenir ce nouveau permis, il faudra passer un test théorique et pratique. Sur son site, la Commission nationale de délivrance des permis de conduire (Conadep) renseigne sur la procédure : il faudra obtenir au moins 12 bonnes réponses sur 20 questions pour passer le test théorique et obtenir au moins 60 % à l'examen pratique.
C’est l’entreprise OTOJUST, qui va se charger de mettre en place l'architecture pour la délivrance du permis. Le contrat avait été signé en février 2022 avec Cherubin Okende, alors ministre des Transports, aujourd’hui décédé. Les médias congolais avaient rapporté que le contrat s'étalerait sur 10 ans à hauteur de 85 millions de dollars américains. Il était prévu de construire 20 centres de délivrance des permis dans toute l’étendue pays et délivrer 5 millions de documents, sans précision de l'échéance.
Le nouveau permis de conduire a sans nul doute des avantages : limiter les fraudes, la contrefaçon ou la falsification, ou encore numériser le processus pour garantir la transparence. Mais, cela doit s’accompagner d’autres mesures.
D’abord, la délivrance du permis de conduire peut se heurter à des problèmes structurels liés à la gouvernance du pays notamment la corruption, le manque de rigueur et de suivi qui gangrène l'administration congolaise. Pour pallier ces défis, il est essentiel de renforcer les mécanismes de contrôle interne, d’automatiser davantage les procédures pour réduire les interventions humaines - sources de corruption -, et d’augmenter la transparence à travers la publication des données liées à la délivrance des permis. En outre, du fait des lenteurs des procédures, de nombreux citoyens pourraient contourner le processus officiel en passant par des intermédiaires, comme c’est le cas pour les passeports biométriques.
Au reste, le permis de conduire est, certes, un élément essentiel pour la sécurité routière, mais il ne suffit pas pour garantir celle-ci. Ce n'est un secret pour personne que de nombreuses routes en RDC, notamment à Kinshasa, sont en très mauvais état. D’ailleurs, Alexis Gisaro, ministre des Infrastructures est à plusieurs reprises interpellé à l’Assemblée nationale pour cette question. En outre, pour garantir la sécurité, les signalisations routières et les marquages au sol sont importants. Ces dispositifs fournissent des informations non seulement aux conducteurs mais aussi aux piétons, comme les limitations de vitesse, pour préciser si une route est à sens unique, ou pas… Par exemple, sur l’avenue de la Libération (ex- 24 novembre) ou sur le tronçon des Huileries, voire dans plusieurs artères à travers le pays, les marquages au sol sont invisibles et les panneaux de signalisation inexistants.
L'absence d'éclairage public sur les routes, ainsi que les lampadaires défectueux contribueraient à l'insécurité routière.
Enfin, la sécurité routière dépend aussi de la qualité des véhicules. Mais aujourd’hui, le contrôle technique se limite la plupart du temps à l’achat des documents. Pourtant, la sécurité routière nécessite une approche globale : des conducteurs responsables et bien formés, détenteurs de permis de conduire valides, mais aussi un engagement fort de la part des autorités publiques pour créer un environnement sûr et propice à une circulation sécurisée, avec des infrastructures routières adaptées, des systèmes de signalisation fonctionnels, et des véhicules en bon état.
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