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La SADC réussira-t-elle à mettre fin à la crise du M23 ?

La SADC réussira-t-elle à mettre fin à la crise du M23 ?

Jan 19, 2024

Après une année de déploiement, les forces de la Communauté  de l’Afrique de l’Est (EAC) ont quitté le territoire congolais suite au non renouvellement de leur mandat par le gouvernement congolais. Ce dernier reprochait à ces forces de n’être pas assez offensives contre  le Mouvement du 23 mars (M23). Le président congolais, Félix Tshisekedi, les a même accusés de cohabiter avec les rebelles du M23.

C’est pour remplacer ces forces que Kinshasa a négocié le déploiement de la force de la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dont le premier contingent est arrivé à Goma le 27 décembre 2023. Cette force s’ajoute aux  sociétés militaires privées et aux groupes armés locaux communément appelés Wazalendo (traduisez en français patriote) qui sont en appui aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Le remplacement de la force de l’EAC par celle de la SADC va-t-il mettre fin à la crise sécuritaire liée à l’activisme du M23 ? 

Bonjour et bienvenue dans ce deuxième  épisode de la saison 4 de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Agenonga Chober, chercheur principal pour les Uélé au sein du pilier violence d’Ebuteli. Nous sommes le vendredi 19 janvier 2024.

Début décembre 2023, les contingents de la force régionale de l’EAC se sont retirés. Ils devraient être remplacés par la mission  de la SADC en RDC – (SAMIDRC) – qui, à terme, devrait être composée de contingents sud-africain, malawite et tanzanien.

Pour l’instant, seule l’Afrique du Sud a déployé un contingent de 200 militaires environ, un déploiement qui ne fait pourtant pas consensus dans ce pays.  À ce contingent, d’autres pourraient s’ajouter d’ici fin janvier

Ayant un mandat offensif, selon les autorités militaires du Nord-Kivu, la force de la SADC est appelée à combattre les rebelles du M23 comme souhaité par le gouvernement de Kinshasa qui a exclu toute négociation avec le M23. La SAMIDRC réussira-t-elle à démanteler le M23 et à restaurer la paix à l’est de la RDC  ? 

En 2013, c’est avec l’appui de la SADC à travers la brigade d’intervention de la Monusco que le M23 fut maîtrisé. Mais la donne  a changé. Pour l’instant, la force de la SADC ne bénéficie ni du mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies, ni de ses moyens.

Or, pour combattre un mouvement disposant d’une lourde artillerie comme le M23 et qui s’est enracinée dans la région, il faudrait une logistique et un financement conséquents. À ce stade, on ne sait pas clairement d’où viendront ces moyens. C’est d’ailleurs une faiblesse récurrente de la SADC, comme l’ont montré les difficultés de sa mission au Mozambique. 

Dans sa dernière résolution, le Conseil de sécurité a chargé le Secrétaire général des Nations unies d’apprécier en concertation avec les parties prenantes, le type d’appui logistique et opérationnel que cette organisation devrait apporter aux forces régionales déployées en RDC. Mais l’échéance pour y arriver demeure floue et lointaine : il doit mener ce travail avant le mois de juin.

Entre-temps, la SADC peine à déployer son contingent sur la ligne de front alors que les combats s'intensifient. Par ailleurs, mener une guerre contre un mouvement qui a des ramifications extérieures et qui est soutenu par certains pays de la région, sans des pressions internationales, pourrait provoquer une escalade régionale avec comme conséquence l’enlisement de cette guerre.

Il y a également lieu de craindre que la force de la SADC soit confrontée au dysfonctionnement des FARDC qu’elle est censée appuyer, directement ou indirectement, ainsi qu’à la collusion de certains officiers congolais avec le M23. En témoignent les vagues de défections enregistrées ces derniers mois en leur sein. Une autre question préoccupante est celle de l’empilement des contingents issus de différents pays, pouvant poser le problème de coordination des opérations auquel l’EAC a déjà fait face. 

Par conséquent, à court terme, il semble difficile de prévoir que la force de la SADC viendra à bout du M23, sans un mandat clair, ni de soutien du Conseil de sécurité de l’ONU, et surtout des pressions internationales sur les pays qui le soutiennent.

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