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Propos de Bemba et risques pour l'unité nationale en RDC

Propos de Bemba et risques pour l'unité nationale en RDC

Jun 13, 2025
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 Le 9 juin sur les ondes de Top Congo, Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre et ministre du Transport et voies de communication, a fait une série de déclarations qui ont touché l'opinion publique. Selon certains, ses propos sont en partie diffamatoires et incitent à la haine contre ses adversaires politiques, dont principalement l’ancien chef d’État Joseph Kabila. En cette période où le pays fait face à une agression étrangère et aurait besoin d’un sursaut patriotique collectif quels sont les risques de discours jugés divisionnistes de la part des plus hauts responsables du pays ? 

Vous écoutez le 23e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, la capsule audio d'Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, et du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet d'actualité congolaise. Je suis Henry-Pacifique Mayala, coordonnateur du Baromètre Sécuritaire du Kivu. Nous sommes le vendredi 13 juin 2025 et aujourd’hui, nous allons tenter d’analyser les dangers de la sortie médiatique de Jean-Pierre Bemba.

« Nous avons eu à la tête du pays un imposteur et un usurpateur », a déclaré Jean-Pierre Bemba faisant référence à l’ancien chef d’État Joseph Kabila. Il renchérit son propos en affirmant en faisant référence au Rwanda, que « lorsqu’ils assassinent le président Laurent Désiré Kabila, c’est là qu'ils propulsent leur agent de l'armée rwandaise, chef de l’État ».

Le ministre Bemba n’a pas non plus épargné les religieux congolais, « ces politiques en robe », qu’il accuse de tentative de déstabilisation de l’État, qualifiant la proposition du pacte social portée par les évêques  pour la résolution pacifique de la crise qui sévit à l’est du Pays de « ruse » en vue d'écarter le président Félix Tshisekedi. 

La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) n’a pas tardé à réagir à ces propos qu’elle qualifie d’inepties. Tout en rappelant le passé rebelle du vice-Premier ministre Bemba. L’église catholique s’est aussi dite préoccupée par le silence des autorités judiciaires et parlementaires malgré la gravité des propos tenus par Jean-Pierre Bemba.

Dans la sphère politique congolaise, la culture du débat n’est pas connue pour ses vertus de tolérance. Certains acteurs, lorsqu'ils ne recourent à l’injure facile et aux attaques personnelles, sont dans la démagogie, le populisme et pire encore, dressent parfois leurs communautés les unes contre les autres. Cette attitude est dans la plupart des cas un voile sur le manque de connaissance et compréhension des dynamiques historiques de notre pays. 

Ces discours clivants, lorsque livrés sur la place publique sans conséquences judiciaires et sociales, continuent d’envenimer les multiples maux qui rendent difficiles la co-construction et l’entretien du sentiment national. Le nombre des conflits inter-ethniques nourris et justifiés par des discours accusateurs et qui parfois dégénèrent en violence conduisent à des pertes de biens et même en vies humaines devraient nous interpeller. 

On peut penser par exemple aux conflits opposant les communautés Teke et Yaka dans la province du Mai-Ndombe ; la violence entre les Bembe et Banyamulenge au Sud-Kivu ou encore la méfiance entre Luba et les autres communautés de l’ex-Katanga qui sont en partie causés par les acteurs et leaders sociaux de ces différentes communautés qui s’adonnent à la parole inconséquente.

Si depuis le partage de Berlin nous sommes unis par le sort, il est important que ceux et celles de nous qui se retrouvent en position de leadership nous unissent autour des fronts communs, à l’instar de celui pour la sauvegarde de notre souveraineté et la promotion de notre prospérité collective notamment par un exercice de politique saine. 

Le long séjour de l’ancien président dans la zone contrôlée par les rebelles pose des questions légitimes sur ses intentions. Ebuteli a d’ailleurs critiqué son attitude à plusieurs reprises. 

Toutefois, cette remise en cause devrait viser les actes de l’ancien président, et non son identité, réelle ou fantasmée. 

Alors que la question sur les origines des acteurs sociaux a toujours occupé une place importante dans le débat public en République démocratique du Congo, elle s’est intensifiée avec l’accession au pouvoir de l’actuel régime, surtout à l’encontre de ses opposants. Cette tendance devrait être corrigée, sous peine de menacer gravement la cohésion nationale.

En attendant la suite, nous vous invitons à rester connectés à nos analyses et reportages sur la scène congolaise. Vous pouvez le faire en rejoignant notre fil Whatsapp en envoyant  « GEC  » ou  « Ebuteli  » au +243894110542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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