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RDC : les défis de Judith Suminwa Tuluka à la primature

RDC : les défis de Judith Suminwa Tuluka à la primature

Apr 5, 2024

On aurait pu croire à un poisson d’avril, pourtant c’est la réalité. Le 1er avril, le président de la République, Félix Tshisekedi a nommé Judith Suminwa Tuluka Première ministre. Elle est la toute première femme à occuper ce poste en RDC. Quels sont alors les défis qui attendent la nouvelle cheffe du gouvernement ? Parviendra-t-elle à surmonter le sexisme qui persiste dans l’opinion congolaise ? 

Bonjour !

Je suis Ange Makadi Ngoy, chercheuse à Ebuteli. Vous écoutez le 13e épisode de la saison 4 de Po Na Biso (anciennement Po Na GEC), capsule audio d'Ebuteli et du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) qui  donne notre point de vue sur une question d’actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 5 avril 2024.

C'est un acte symbolique. Jusqu'à la nomination de Judith Suminwa, la RDC n'avait connu aucune  femme Première ministre. D’ailleurs, ce n’est qu’en 2021 que des femmes ont commencé à occuper des postes importants dans les gouvernements comme la vice Primature de l’environnement et le ministère des Affaires étrangères.

Alors que d’autres grandes figures de la scène politique congolaise ont été pressenties à ce poste notamment Daniel Mukoko Samba, ancien ministre du budget dans le gouvernement Matata  ; Jean-Pierre Lihau, actuel ministre de la Fonction publique ou encore André Wameso, directeur de cabinet adjoint du président de la République en charge des questions économiques et financières. Finalement, c'est Judith Suminwa, ministre du Plan jusqu’à sa nomination, qui a été préférée. Pourquoi alors ce choix ? 

Le fait d’être une femme semble avoir été un atout. Depuis son arrivée au pouvoir, Félix Tshisekedi s’est voulu champion de la masculinité positive. Pour marquer son second et dernier quinquennat, l’entrée d’une femme à la tête de l’executif peut être un signal fort dans son engagement de promouvoir plus des femmes au plus haut niveau. Il a d’ailleurs émis le vœu qu’une femme le succède à la magistrature suprême. 

Ensuite, c’est aussi un choix pour ses compétences au-delà du symbole. Avant sa nomination, elle a été ministre du Plan après un passage à la présidence. Au cabinet du président de la République, elle a été coordinatrice adjointe chargée des questions administratives et opérationnelles pour le Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS). Cette fonction lui a permis de participer à la conception du programme  de développement local des 145 territoires, devenu projet-phare du président Tshisekedi. Judith Suminwa a également travaillé dans les agences du système des Nations unies  notamment au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Elle a un master en Sciences du travail - Administration et gestion du personnel ; elle est titulaire d'une licence en sciences économiques appliquées, option gestion financière, diplômée en comptabilité et experte en gestion des finances publiques. Si elle n’est pas fervente militante ou partisane, elle se présente tout de même comme membre de  l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi), parti disposant de plus des députés à l’Assemblée nationale. 

Ceci dit, quels sont les défis pour la nouvelle Première ministre ? Lors de son premier discours, Judith Suminwa a tout de suite reconnu que la tâche qui l’attend est immense. Son premier défi sera celui de la taille, de la composition de son gouvernement et la rapidité dans sa mise en place. Les organisations de la société civile appellent à réduire le train de vie des institutions, ce qui suppose de réduire le nombre de ministères et les dépenses publiques. 

Les défis sécuritaires et socio-économiques  sont énormes. La situation sécuritaire et humanitaire s’est détériorée dans  l’est du pays. Le franc congolais ne cesse de  déprécier favorisant la flambée des prix sur le marché, impactant fortement le pouvoir d’achat des Congolais. 

Judith Suminwa est aussi attendue pour  incarner la rupture avec la corruption, le détournement des deniers publics, le clientélisme et le népotisme qui gangrènent la gouvernance des institutions en RDC. 

La cheffe du gouvernement aura-t-elle les marges de manœuvre suffisantes pour implémenter sa vision de gouvernance ? D’autant plus que ses difficultés pourraient être accrues par le fait qu’ellet est une femme, comme ce fut le cas avec  Jeanine Mabunda, lors de son passage au perchoir de l’Assemblée nationale. Le premier test : la composition de son gouvernement. Cela nous permettra de jauger sa capacité à imprimer dès le départ ses marques et à indiquer le cap. 

En attendant , vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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