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La Convention pour la révolution populaire, quel objectif pour Thomas Lubanga ?

La Convention pour la révolution populaire, quel objectif pour Thomas Lubanga ?

Jul 25, 2025
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« La convention pour la révolution populaire se veut être un corps qui porte en lui l’esprit de changement qui anime tout congolais sensé faire face à la mauvaise gouvernance du pays caractérisée par le détournement, la corruption. » Voici ce qu’on lit dans le communiqué de presse annonçant la création dudit mouvement politico-militaire à Kampala. Thomas Lubanga, qui en est l’initiateur, veut combler ce qu’il appelle « la démission scandaleusement flagrante de l’État dans sa mission régalienne d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens en province de l’Ituri ». La Convention pour la révolution populaire (CRP) est apparue comme un nouvel acteur armé dans cette constellation des groupes présents en Ituri. Néanmoins, Lubanga est un ancien seigneur de guerre de la région, condamné par la Cour pénale internationale (CPI) à une peine de 14 ans de prison, avant d’être libéré en 2020. Quelles sont les réelles motivations pour la création de la CRP ? Et bénéficie-t-elle du soutien de l’Ouganda ?

Bonjour !

Je m’appelle Ildefonse Bwakyanakazi. Je suis data manager du Baromètre sécuritaire du Kivu à Ebuteli. Vous écoutez le 29e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d'étude sur le Congo (GEC). Chaque semaine, ce podcast vous partage notre opinion sur un sujet d’actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 25 juillet 2025.

L’annonce de la création de la CRP a été faite le 25 mars 2025 lors d’un point de presse tenu à Kampala, la capitale ougandaise. Thomas Lubanga qui en est le président s’y était installé quelques mois auparavant après que la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature aux législatives de 2023 suite à sa condamnation pour crime de guerre par la CPI. Les experts des Nations unies ont indiqué qu’il s’était rendu dans ce pays pour le recrutement de jeunes combattants. Profitant de son appartenance ethnique, Thomas Lubanga recrute à travers les milices Zaïre et MAPI constituées majoritairement de jeunes hema. Les deux milices avaient signé un acte de désengagement afin de rejoindre le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion. Mais le programme de désarmement n’a pas pu leur fournir de soutien. 

La CRP a prétendu incarner une plateforme représentant tous les principaux groupes armés de l’Ituri, mais plusieurs de ces groupes ont nié leur appartenance à ce mouvement.

La CRP reçoit-elle du soutien de l’Ouganda ? Selon le rapport du groupe d’experts des Nations unies, oui. Lubanga aurait reçu un soutien au moins moral et passif des autorités ougandaises car il séjourne dans la capitale ougandaise sans être inquiété. Sur le terrain, la CRP n’a jamais attaqué les positions des militaires ougandais qui sont présents sur le territoire de Djugu jusqu’à présent. Et les militaires ougandais n’attaquent pas non plus les positions tenues par les combattants de la CRP.

Exclue du dialogue d’Aru II tenu du 23 au 27 juin 2025 réunissant les groupes armés, les chefs coutumiers et les leaders communautaires de l’Ituri par les autorités, qui accusent ce groupe d’accointances avec le Mouvement du 23 mars (M23), la CRP a intensifié ses attaques sur les positions des FARDC poursuivant son objectif de  déstabiliser la ville de Bunia, le chef-lieu de la province de l’Ituri. La CRP affirme même vouloir contrôler et administrer toute la province.

Thomas Lubanga pourrait être à la recherche d’un positionnement lors d’un éventuel dialogue national afin d’accéder à des postes de responsabilités. Plusieurs acteurs politico-militaires recourent à cette approche pour se refaire une santé politique et ainsi revenir dans le sillage du pouvoir.

En attendant, pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone, envoyez « Ebuteli » ou « GEC » par Whatsapp au +243894110542. À bientôt.

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