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Pétition contre le bureau Kamerhe : crise institutionnelle ou calcul politique ?

Pétition contre le bureau Kamerhe : crise institutionnelle ou calcul politique ?

Sep 19, 2025
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Après 16 mois de règne, l’épisode de Vital Kamerhe au perchoir risque de se terminer avant la fin du mandat, comme en 2009, lorsque sa présidence s’était arrêtée brusquement. Dans son discours d’ouverture de session, le président de l’Assemblée nationale a demandé pardon à ses collègues, pensant pouvoir  calmer la tempête. Mais ce geste n’a pas suffi à dissuader les pétitionnaires. Est-ce un signe de crise au sein de l’Union sacrée de la nation ? La majorité parlementaire tiendra-t-elle jusqu’en 2028 ? Ou s’agit-il plutôt d’un repositionnement entre alliés politiques ? 

Bonjour ! Je m’appelle Jessé Busomoke. Je suis fellow à Ebuteli. Vous écoutez le 37e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Ce podcast analyse chaque semaine un sujet de l’actualité congolaise. Nous sommes le vendredi 19 septembre 2025.

C’est sans surprise que les pétitions qui circulaient depuis quelques semaines contre Vital Kamerhe et quatre autres membres du bureau de l’Assemblée nationale ont été déposées à l’ouverture de la session de septembre 2025. 

Malversations financières, blocage du contrôle parlementaire, manque de transparence, dix mois d’arriérés de frais de fonctionnement et couverture médicale insuffisante pour les élus… Autant d'accusations contre le président de l’Assemblée nationale.

Dans son allocution d’ouverture de cette session budgétaire, qui visiblement sera hautement politique, Vital Kamerhe a tenté de ramener ses pairs à la raison. Écoutez : « Cette initiative devrait être reconsidérée, à la lumière des avancées notables enregistrées dans la prise en charge des principales préoccupations soulevées et au regard du contexte particulier que traverse notre pays. » Ne faisant aucun cas de cette invitation, le mercredi 17 septembre, la chambre basse a mis en place une commission spéciale et temporaire pour examiner les pétitions et déposer son rapport sous 72 heures. 

Au-delà de ces accusations, cette agitation interroge la logique des alliances en politique en RDC. Souvent guidées par opportunisme,  les coalitions politiques ne reposent ni sur une vision politique ni sur une idéologie cohérente. Elles traduisent surtout une logique électoraliste : se regrouper autour du chef de l’État pour maximiser ses chances d’obtenir des sièges et des avantages. Mais cette mécanique, comme on le voit aujourd’hui, reste fragile :  construite sur des intérêts conjoncturels et non sur des convictions partagées, elle peut se déliter à tout moment, au gré des rivalités internes et des calculs individuels. Ce qui apparaît comme une force numérique pour la majorité parlementaire cache en réalité une instabilité permanente.

En outre, cette crise à l’Assemblée nationale  interroge également  la séparation des pouvoirs, notamment lorsque Augustin Kabuya, président a.i du parti au pouvoir et député national a déclaré, après avoir reçu une partie des pétitionnaires, qu’il consulterait le président de la République, à qui reviendrait  le dernier mot, sur l’avenir du bureau Kamerhe. Un aveu clair du poids de l’exécutif sur le législatif.

Par ailleurs, l’an dernier, le rapport d’Ebuteli sur la transparence à l’Assemblée nationale dressait le constat que le contrôle exercé par des forces politiques dominantes sur l’Assemblée nationale avait limité sa capacité à jouer son rôle de contre-pouvoir face à l’exécutif. Ce contrôle s’est souvent traduit par le gel ou l’enterrement de mécanismes de contrôle parlementaire au profit de batailles internes de positionnement politique. Au fil des ans, cette dérive a accentué la distance entre les représentants et les représentés, renforçant la méfiance du peuple à l’égard de ses institutions. 

Dans un contexte marqué par la guerre dans l’est du pays et le débat sensible sur une réforme constitutionnelle, l’éventuelle chute du bureau Kamerhe se lit enfin à l’aune de l’horizon électoral de 2028. Les forces politiques de l’Union sacrée de la nation savent que les alliés d’aujourd’hui seront les adversaires de demain. Elles se positionnent donc déjà, parfois en se livrant des coups, pour préparer la compétition à venir. Dans cette famille politique hétéroclite, la cohésion passe souvent au second plan, sacrifiée sur l’autel de calculs politiques immédiats.

Vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !



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