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​​Pourquoi l’aide humanitaire peine à répondre aux crises multiples en RDC

​​Pourquoi l’aide humanitaire peine à répondre aux crises multiples en RDC

Aug 22, 2025
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Le mardi ​​19 août, la communauté internationale a célébré la journée mondiale de l’aide humanitaire. Une occasion de rappeler l’importance vitale de cette action, mais aussi d’interroger les conditions et les contraintes d'une réponse humanitaire en République démocratique du Congo. Car si les discours officiels insistent sur la crise sécuritaire, la crise humanitaire, elle, reste reléguée au second plan.

Bonjour et bienvenue dans ce 33e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, la capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Je suis Ange Makadi Ngoy, chercheuse à Ebuteli. Nous sommes le vendredi 22 août 2025. 

Loin de l’attention du grand public, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En RDC, selon la classification intégrée de la sécurité alimentaire, près de 28 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, tandis que 4,5 millions d'enfants sont touchés par la malnutrition aiguë. À cela s'ajoutent  5,9 millions de déplacés, d'après OCHA. Le Plan de réponse humanitaire 2025 dans le pays prévoit d’assister 11 millions de personnes les plus vulnérables, parmi plus de 21 millions de Congolais affectés par une polycrise qui combine conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies. 

Dès février, l’ONU alertait déjà sur une crise majeure du financement. L’objectif était de mobiliser 2,5 milliards de dollars. Mais, plusieurs bailleurs de fonds, y compris les USA, qui avaient assuré plus de 70 % du financement humanitaire en RDC en 2024, ont annoncé des coupes drastiques. Résultat : à ce jour, à peine 14 % des fonds nécessaires ont été reçus par les acteurs humanitaires. 

Et pendant que les financements s'effondrent, les crises se multiplient : combats dans l’est du pays, flambées de choléra dans les 17 provinces du pays ou de Mpox, catastrophes naturelles. 

Par exemple, en Ituri, province marquée par une résurgence de violence fin 2017, les projets ferment les uns après les autres faute de moyens financiers.

En juillet, le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) a fermé son bureau d’Aru, laissant des milliers de demandeurs d’asile sans recours.

Au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, la poursuite des affrontements entre le M23 et des groupes armés locaux (Wazalendo) complique encore le travail des humanitaires. 

Le M23 reste, malgré les sanctions, le passage obligé pour atteindre certaines populations sinistrées. Parallèlement, les principaux corridors humanitaires – de Masisi à Walikale, de Bukavu à Uvira, ou de Bunia à Fataki – sont bloqués ou fortement restreints par l’insécurité et les lourdeurs administratives. La fermeture des aéroports de Goma et de Kavumu aggrave encore l’isolement.

Les risques sécuritaires, eux, explosent. Rien qu’en juillet, OCHA a recensé 57 incidents contre des acteurs humanitaires dans l’est du pays, soit plus du double du mois précédent. ​​Entre janvier et juillet, 354 incidents ont été enregistrés : 13 humanitaires tués, 23 blessés et 27 enlevés, principalement au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, en Ituri, au Tanganyika et au Maniema.

Dans ces conditions, il est difficile de coordonner une réponse efficace. D’autant que l’État congolais reste largement en retrait. Le ministère des Affaires sociales et actions humanitaires, avec un budget maigre, est presque invisible, abandonnant aux ONG et partenaires internationaux la charge de répondre aux urgences.

En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. Merci pour votre attention. À bientôt !

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