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 Travail en RDC : à quand un accès et une rémunération justes ?

Travail en RDC : à quand un accès et une rémunération justes ?

May 2, 2025

Ce jeudi 1er mai, la RDC a célébré la journée internationale du travail. Le travail est l’une des valeurs fondatrices de la nation congolaise. Il est inscrit dans la devise du pays et la Constitution l’instaure à la fois comme un devoir et un droit pour chaque Congolais. Cependant, de nombreux facteurs politiques, économiques et surtout sécuritaires constituent des obstacles majeurs à l’accès à un emploi. Le sous-emploi  frappe de nombreux Congolais, surtout les jeunes, en dépit des engagements de l’État de créer plus d’emplois. Comment peut-on valoriser le travail en RDC ? 

Bonjour,
Je m’appelle Ithiel Batumike. Je suis chercheur au pilier politique à Ebuteli. Vous écoutez le 17e épisode de la saison 5 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Chaque semaine, ce podcast vous partage notre opinion sur un sujet d’actualité en RDC.

Nous sommes le vendredi 2 mai 2025.

Comme chaque année, la commémoration de cette journée intervient dans un contexte marqué par l’absence de statistiques fiables du secteur de travail. Cela rend difficile la compréhension des défis d’accès à l’emploi pour mesurer efficacement les actions à entreprendre  afin de réduire, autant que possible, les obstacles d’accès à l’emploi formel. Selon les chiffres de la Banque centrale du Congo, le taux de chômage officiel était à 3,7 % en  2023. Ce surprenant constat trouve sa justification dans la persistance d’une économie informelle qui emploie la majeure partie de la population. La formalisation de l’économie contribuerait à la création de plus d’emplois. Pourtant, l’installation et la prospérité d’entreprises privées en RDC subissent de nombreuses entraves fiscales et sécuritaires ne permettant pas de créer plus d’emplois. Par exemple, à la suite de l’aggravation de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC de nombreuses personnes ont perdu leur emploi. 

Faute d’un secteur privé dynamique, l’État reste le principal pourvoyeur d’emplois en RDC. En conséquence, l’on assiste à une explosion des cadres organiques et des recrutements clientélistes au sein des services publics. Plus souvent, dans le secteur public, les recrutements sont opérés en dehors de concours sérieux permettant de récompenser les plus méritants. Même si des efforts ont été réalisés récemment pour recruter par concours — comme dans la magistrature, à la fonction publique via l’École nationale d’administration, à l’Inspection générale des finances ou du travail — l’accès aux emplois formels et bien rémunérés reste largement influencé par les réseaux relationnels, les affiliations politiques ou ethniques, et le népotisme. Ces mauvaises pratiques vont malheureusement à l’encontre de l’article 13 de la Constitution qui consacre l’égalité des chances des citoyens à accéder aux fonctions publiques.

Dans son programme électoral de 2023, le président Tshisekedi a promis de créer au minimum 6,4 millions d’emplois pour la période de 2024-2028. Cet engagement a été repris comme premier pilier du programme d’actions du gouvernement Suminwa investi en juin 2024 par l'Assemblée nationale. En dépit de ces engagements, la situation ne semble pas évoluer sur terrain. Et lorsqu’en décembre 2024, le président de la République a été interpellé à ce sujet dans l’un de ses meetings d’itinérance dans le Kasaï, il a rétorqué, à juste titre, qu’il n’appartient pas à l’État d’engager tout le monde. Toutefois, si l’État ne peut pas réaliser cette mission, il lui revient de créer les meilleures conditions pour l’émergence d’un secteur privé capable de jouer efficacement ce rôle comme c’est le cas dans d’autres pays. 

S’agissant de la rémunération, l’État congolais, qui devrait donner l’exemple, peine à le faire. Face à des salaires très bas et des conditions de travail peu confortables, beaucoup d’agents publics sont démotivés. Récemment, le gouvernement a doublé la solde des militaires et policiers, alors que celle d'autres fonctionnaires, comme les enseignants, n’a que très peu augmenté. Pour consolider ces efforts pour une rémunération juste et équitable, le président Félix Tshisekedi a lancé les travaux d’élaboration de la nouvelle politique salariale qui devrait permettre d’aboutir à une amélioration de la situation des agents publics. 

Depuis l’annulation pour vices de forme, par la Première ministre, de l'arrêté du ministre du Travail portant actualisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), la mise à jour de cet instrument de référence pour les travailleurs du secteur privé demeure attendue. 
En effet, sans une « rémunération équitable et satisfaisante » comme le prévoit l’article 36 de la Constitution, il est difficile au travailleur ainsi qu’à sa famille d’avoir une existence conforme à la dignité humaine (...) ».

En attendant, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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